Les participants initiés à la préparation et à l’usage des bio-pesticides
Le Centre de formation en Agroécologie de Winditan a accueilli, du 17 au 20 juin 2023, une formation sur les techniques de fabrication des bio-protecteurs, de trente (30) producteurs et productrices de la Commune de Filingué (une des communes de SD3C). Cette activité entre dans le cadre de l’exécution du programme conjoint Sahel en réponse aux Défis COVID-19, Conflits et Changements Climatiques (SD3C). Elle est organisée par la Plateforme Paysanne du Niger (PFPN), avec l’appui du Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) et du G5-Sahel. Ainsi, à l’issue de quatre (4) jours de travaux théoriques et pratiques, les participants ont été initiés aux techniques et pratiques de préparation des bio-pesticides (Apichi, huile de feuille de neem et à base d’huile, de soufre et de chaux vive) et ont mis en place une pépinière communautaire sur les espèces forestières non ligneuses de plus de 5.000 plants. C’est le spécialiste en agroécologie, M. Younoussa Moussa, de FASAM-Terre verte qui a assuré la dite formation.
Une vue des participantes lors de la formation
Afin de remplacer les pesticides chimiques, plusieurs produits à base de plantes ont fait l’objet de dizaines de formations en direction des producteurs et productrices, principalement pour la protection phytosanitaire des cultures maraîchères mais aussi du niébé. Il s’agit de pesticides naturels à partir de graines ou feuilles de neem, de piment et dans une moindre mesure de tabac ou d’ail. Ainsi, les participants ont, à travers des activités sur le terrain, appris les pratiques de traitement phytosanitaire naturel des cultures maraîchères et au-delà ; la pertinence de l’utilisation des pesticides naturels ; les techniques de production de pesticide naturels à base de feuilles de Neem, de papayer, de piment, d’huile de Neem et ont compris la nécessité de contribuer à préserver les équilibres naturels.
Procédé de préparation de l’huile de feuilles de neem au Centre de formation en Agroécologie
Déclinant le rôle inestimable que joue le neem dans le cadre de son utilisation pour la préparation de bio-protecteur, le formateur Moussa a indiqué que ‘‘Le neem, un insecticide biologique efficace. L’intérêt croissant pour l’utilisation des pesticides à base de neem dans le monde est motivé par leurs effets comparables à ceux des pesticides chimiques ainsi que par le fait qu’ils sont peu nocifs sur l’environnement. Le principe actif contre les ravageurs se nomme l’azadirachtine. L’application de ce produit sur les larves d’insectes provoque leur mort à différents stades de leur développement, ainsi que des malformations (réduction de la longévité et de la fécondité chez les adultes, etc.) L’amande extraite du noyau de neem est transformée en Huile de neem par une pression à froid qui permet d’atteindre un taux d’insecticide supérieur. Il semble que cette opération soit plus efficace dans l’obscurité pour éviter la dégradation de la matière active par la lumière et la substance active de la plante une fois extraite est comparable à n’importe quel insecticide non spécifique’’.
Selon Balkissa Alhassane, une participante du Groupement ‘‘Labou si tari’’, suite à cette formation elle a appris à : connaitre les plantes à vertus pesticides dans les localités, à être capable de préparer et d’appliquer des bio-pesticides ainsi que les moments propices d’application des bio-pesticides. « Je compte mettre en pratique tout ce que je viens d’apprendre ici, d’abord dans notre jardin et ensuite partager cette expérience de bio pesticides avec les autres membres du groupement », a déclaré Balkissa.
Évoquant la question du dosage des bio-protecteurs, Nafissatou Boubacar, étudiante en agronomie, en provenance de Namari Peulh et membre du Groupement Weeti, note qu’en agriculture, un pesticide est vendu pour être utilisé à une dose précise. Cette dose a été étudiée pour protéger les cultures et pour limiter les risques pour le producteur, l’environnement et pour les consommateurs. Le respect de la dose de matière active par unité de surface traitée est donc un élément important de l’efficacité des traitements phytosanitaires, même avec des bio-pesticides. « Par rapport aux pesticides chimiques, les risques d’utilisation d’une dose trop forte avec une solution de neem semblent réduits (à confirmer par les spécialistes). Par contre, l’apport d’une dose trop faible présente le risque que le pesticide n’agisse pas sur les ravageurs combattus et donc manque d’efficacité. C’est d’ailleurs ce que reprochent certains producteurs aux bio-pesticides, un manque d’efficacité. Il est donc important de respecter la dose appropriée », a-t-elle suggéré.
Préparation du biopesticide (Apichi) à Winditan
Elle ajoute qu’au Niger également les OP sont de fervents défenseurs et ‘‘testeurs’’ de pratiques agro écologiques. Selon elle, les initiatives pilotes sont certes encore limitées, le plus souvent portées par des ONG locales et internationales en partenariat avec des OP. Les interventions sont souvent explicitement orientées vers l’adaptation au changement climatique (gestion de l’eau, adaptation calendrier cultural, espèces et variétés) et la gestion des ressources naturelles (aménagements antiérosif, restauration des terres dégradées, agroforesterie…).
« Au-delà de ces opérations pilotes, il existe au Niger une longue tradition de pratiques résilientes et des succès notables en matière de changement d’échelle de ces pratiques. La Plateforme paysanne du Niger (membre du ROPPA) a également mis en place un Centre de formation sur l’agro écologie, où nous nous trouvons actuellement pour cette formation », souligne Nafissatou.
Notons enfin que cette formation pratique a pour objectif général d’apporter des connaissances techniques et méthodologiques aux membres des groupements bénéficiaires pour créer un pool communautaire capable de pratiquer et de disséminer des pratiques agroécologiques basées sur les techniques de récupération et d’amélioration de la fertilité des sols et de bio protecteurs.
Comme objectifs spécifiques, elle vise à la : Formation des productrices/ producteurs sur des pratiques d’amélioration de la fertilité de sol (Bokashi solide et liquide, Biocharb etc.) ; formation des productrices/ producteurs sur des pratiques des bio protecteurs (apichi et huile de feuille de neem) ; fabrication de l’Apichi ainsi qu’à la fabrication de l’Huile de feuille de neem, et du bio-pecticides à base de l’huile, de la chaux vive et du soufre.
Mahamadou Diallo (Responsable Communication/PFPN)
Des participantes pulvérisant des jardins avec des biopesticiddes qu’elles ont préparé lors de la formation à Winditan.
Fabrique de pépinière par les participantes à Winditan
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