Promouvoir la parité, la sécurisation et la gouvernance foncière dans les aménagements hydro-agricole en faveur des femmes
Le Collège des femmes de Plateforme Paysanne du Niger (CF/PFPN), organise du lundi 29 au mercredi 31 mai 2023, à la Maison de la Presse un atelier sur l’accès des femmes au foncier rural. C’est la ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Mme Allahoury Aminata Zourkaleini, qui a présidé l’ouverture de cette 1ère rencontre du genre, placée sous le thème : ‘‘Plaidoyer sur l’accès des femmes au foncier rural’’. Organisée en collaboration avec les partenaires de la PFPN, dont le Ministère de la Promotion de la femme et de la Protection de l’Enfant, GIZ, CENRAT, PRODAF et le Code Rural, cet évènement a vu la participation d’une centaine de participantes en provenance des régions de Maradi, Dosso, Tillabéri et Niamey.
En procédant à l’ouverture des travaux, la ministre Allahoury Aminata Zourkaleini a indiqué qu’au Niger on ne peut pas parler de développement sans aborder le rôle de la femme dans l’agriculture et la sécurité alimentaire et plus particulièrement son accès au foncier agricole.
Citant le rapport de la Banque mondiale (BM) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), la ministre a noté qu’en Afrique subsaharienne, les femmes produisent jusqu’à 80% des denrées alimentaires destinées à la consommation des ménages et à la vente sur les marchés locaux. « Dans le cas des cultures comme e ruz, le mil, le blé et le maïs, qui représentent environ 90% de la nourriture consommée par les habitants des zones rurales, ce sont essentiellement les femmes qui plantent les graines, s’occupent du désherbage, cultivent et récoltent les produits agricoles et en vendent les excédents », a-t-elle souligné.
Étant le premier facteur de production, a poursuivi la ministre Aminata, la terre est de plus en plus au centre de la problématique de l’agriculture du fait de la forte pression démographique, l’urbanisation et la dégradation des sols.
« En Afrique, notamment au sud du Sahara, la question de l’accès à la terre et son exploitation effective se comprennent à travers les différentes coutumes, les politiques foncières et les lois qui peuvent être différentes d’un pays à l’autre, d’une localités à une autre dans une même société », a-t-elle déclaré.
Selon elle, au Niger, comme dans beaucoup d’autre pays, l’organisation familiale dominante est de type patriarcal, plaçant ainsi l’homme comme chef de ménage et principal détenteur et conservateur du patrimoine familial.
« Aujourd’hui, le foncier et en pleine mutation à cause de l’indisponibilité progressive des terres vacantes et de la poussée démographique et, par conséquent, les femmes en sont les premières victimes. La proportion des femmes travaillant dans l’agriculture est passée de 40 % en 2006 à 11% en 2012, illustrant ainsi la déféminisation de l’agriculture », a noté Mme la ministre.
Mme Allahoury Aminata Zourkaleini a ensuite rassuré que la question du rôle de la femme dans l’agriculture et plus particulièrement l’accès de celle-ci à la terre et sa sécurisation, constituent une préoccupation permanente du gouvernement.
« C’est ainsi que la Politique Foncière Rurale du Niger (PFRN), adoptée par le Gouvernement par le Décret n° 2021-747/PRN/MAG, du 9 septembre 2021, a prévu des mesures, dont la mise en œuvre permettra aux femmes d’accéder aux ressources naturelles et de sécuriser leurs terres », a-t-elle rappelé.
C’est dans la perspective d’une meilleure internalisation des mesures prévues par le PFRN, selon elle, que le Collège des femmes a fait le choix de vous édifier, à travers cet atelier, sur cette réforme foncière, en général et sur l’Axe 3 de son orientation 2, intitulé : ‘‘Favoriser l’accès à la terre et la sécurité foncière des femmes, des jeunes et des personnes en situation de handicap’’.
Auparavant le Président de la PFPN, M. Djibo Bagna a pris la parole pour souhaiter la bienvenue aux participantes et les inviter à suivre les panels et les informations qui leurs seront livrés par d’éminents spécialistes de la question foncière et du Code rural, tels que M. Abdoulkarim Mamalo, Pr Ousseïni et Dr Abouba.
La présidente du CF/PFPN, Mme Hima Fatoumata, se félicite de la forte mobilisation des femmes en faveur de leurs droits
Intervenant à son tour, la présidente du CF/PFPN, Mme Hima Fatoumata, elle s’est dite satisfaite et réjouie ‘‘de constater cette grande mobilisation des femmes des régions de Maradi, Dosso, Tillabéri et Niamey pour la prise en compte de leurs droits.
Selon elle, cet évènement qui réunit l’ensemble des acteurs de mise en œuvre de la politique foncière rurale du Niger, intervient après l’adoption de la politique foncière rurale en septembre 2021. Ceci démontre si besoin est, la volonté des acteurs de mise en œuvre de politique foncière rurale de travailler dans l’esprit qui a guidé l’élaboration de cette politique.
« À travers celle-ci, le monde rural en général, les femmes, les jeunes et les personnes en situation de handicap y voient plusieurs opportunités qui leurs sont offertes. La politique foncière rurale fait aujourd’hui la fierté du Niger et sert de modèle dans la sous-région », s’est réjouie Mme Hima.
Elle a indiqué que, cet évènement, qui réunit les actrices et acteurs de la gouvernance foncière au Niger est salutaire à plus d’un titre. Il permettra d’une part de garder dans la mise en œuvre, l’esprit de l’approche participative et inclusive qui a guidé son élaboration et d’autre part de donner plus de détail pour son opérationnalisation. Entre autres points, la société civile attend impatiemment la mise en place de l’observatoire multi-acteurs sur le foncier au Niger.
« D’ores et déjà, pour notre part, rappelons-le, la société civile a déjà organisé un atelier de réflexion sur la politique foncière avec l’appui du Comité Technique Foncier et Développement sur financement de l’AFD et l’accompagnement du GRET. Cet atelier a conduit avec le lead de la plateforme paysanne du Niger à l’élaboration d’une feuille de route mais aussi surtout à la mise en place d’un consortium pour le suivi de la mise en œuvre de la politique foncière au Niger », a-t-elle indiqué.
Au Niger, a poursuivi la présidente du CF/PFPN, l’insécurité foncière est sans doute l’une des difficultés qui limitent l’investissement agricole, cependant, dans la pratique, force est de constater que cette amélioration dans la gestion reste insuffisante et même remise en cause, suite aux défis et enjeux nouveaux qui affectent considérablement les ressources naturelles.
« La politique foncière rurale du Niger vise à faire du foncier rural un puissant levier de développement économique et social du pays grâce à une gouvernance foncière modernisée et intégrée, responsable et efficace, qui assure la gestion durable du foncier, l’accès équitable et non conflictuel aux terres et aux ressources naturelles rurales renouvelables ainsi que la sécurisation des droits fonciers légitimes dans leur diversité et en particulier ceux des opérateurs ruraux vulnérables (femmes, jeunes, personnes en situation de handicap) », a souligné Mme Hima.
En effet, selon elle, le taux de 35% octroyés prévu par la PFRN en faveur des femmes, des jeunes et des personnes en situation de handicap doit faire l’objet d’information et de sensibilisation pour un plus large en vue de faire connaitre cette importante mesure mais aussi et surtout réfléchir sur les conditions de sa concrétisation sur le terrain.
« Les femmes, les jeunes, les personnes en situation de handicap, du fait de leur méconnaissance face à cette politique foncière et le manque de sensibilisation à l’endroit des autres acteurs comme les conjoints, les frères et les autorités coutumières, tout cela fait qu’ils sont lésez. D’où la nécessité de contribuer à accroître la cohésion sociale, à réduire les conflits fonciers et à donner aux femmes les moyens de contribuer économiquement à leurs communautés en renforçant leur accès légal à la terre », a estimé Mme Hima.
C’est dans ce contexte, selon elle, que le collège des femmes de la plateforme paysanne s’est proposé d’organiser cet atelier de formation et de lobbying. Cette nécessité d’information et de sensibilisation se justifie d’autant plus que, selon des enquêtes réalisées, il a été révélé que 84% de la population en zone rurale ignorent l’existence des lois textes régissant l’accès et la gestion du foncier rural notamment les femmes pourtant productrices sur l’acquisition foncière, surtout que les femmes produisent entre 60 et 70% de récolte de subsistance, selon la FAO. D’où la nécessité d’enlever ces obstacles en rendant l’accès au e secteur du foncier équitable entre l’homme et la femme, ce qui renforcerait la sécurité alimentaire
« L’accès à la terre et son contrôle par les femmes sont primordiaux pour leur émancipation, le bien-être des familles et, partant, pour la lutte contre la malnutrition et la pauvreté. Leur rôle dans le domaine agricole est essentiel. Elles assurent jusqu’à 70 % du travail dans l’agriculture familiale paysanne », a déclaré Mme Hima Fatoumata.
Elle a conclu ses propos en remerciant la ministre de la Promotion de la femme et de la Protection de l’Enfant, ‘‘pour tous les efforts déployés en vue de l’amélioration des conditions de vie des acteurs du monde rural et les partenaires techniques et financiers pour leurs appuis à la gouvernance du foncier au Niger’’.
Mahamadou Diallo(Chargé de Communication/PFPN)
(Chargé de Communication/PFPN)
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