Atelier de formation des animateurs endogènes de Tillaberi :

Des animateurs endogènes de Gothèye, Dargol et Diagourou à l’école du Bilan Simplifié

La Plateforme Paysanne du Niger (PFPN) a organisé, Du lundi 29 mai au vendredi 2 juin 2023, un atelier de formation des animateurs endogènes sur le Bilan Simplifié (BS) de Gothèye, Dargol et Diagourou dans la région de Tillaberi. C’est au total, huit (8) animateurs de ces localités qui ont vu leurs capacités renforcées sur cet outil d’observation, de constat et de prise de décision des Exploitations Familiales (EF). Ces derniers s’occuperont de 40 exploitations de leurs localités dans le cadre du BS. Étaient présent à cette rencontre le point focal national de l’Observatoire des Exploitations Familiales (OEF), M. Adamou Bangna, le Chargé au renforcement des capacités de la PFPN, M. Saley Mahaman ainsi que le point focal régional de l’OEF et les animateurs endogènes, M. Amadou Diallo Mamane. Définition des terminologies et concepts, explication détaillée du Bilan Simplifié, ses objectifs, les résultats attendus et des séances d’expérimentation des outils du BS étaient notamment au menu dudit atelier.

Une vue d’une exploitation familiale en entretien avec un animateurs endogène après la formation

Selon M. Adamou Bangna, le bilan simplifié n’est ni une étude exhaustive ni rigoureuse, comme les études conduites par la recherche agronomique. Le BS fournit des indications sur les tendances qui peuvent être ensuite utilement complétées par l’établissement d’un compte d’exploitation ou retravaillées et approfondies en collaboration avec des chercheurs professionnels et susciter la définition de nouveaux thèmes de recherche. En outre ces BS, justement, parce qu’ils sont simplifiés, présentent l’intérêt de pouvoir être mis immédiatement à la disposition des familles rurales. Ils constituent de ce fait une bonne introduction au ‘‘Conseil à l’EF’’ et leur permet une meilleure planification et gestion de leurs ressources. En bref, les BS apportent, en peu de temps, de nombreuses indications précieuses sur la dynamique des EF.

M. Bangna a ajouté que, le 1er objectif du BS est un entretien avec la famille, afin de déterminer si la famille peut se nourrir et se soigner à partir de ses activités Agro-Sylvo-Pastorales et/ou piscicoles. « Pour répondre à cette question cruciale pour un exploitant (Éleveur, Maraicher, Pêcheur), on va dégager une donnée simple et parlante pour la famille, c’est le nombre de mois et jours pendant lesquels une famille peut se nourrir et se soigner à partir de la production d’une campagne. On appelle ce résultat le ‘‘Taux de Couverture’’ », explique le point focal national de l’OEF. Selon lui, si ce taux de couverture est inférieur à 12 mois, c’est que les activités primaires (Agriculture, Élevage, Arboriculture, Pêche) de l’EF ne permettent pas l’autosuffisance alimentaire de la famille. S’il est égal à 12 mois, l’EF est en équilibre précaire, alors elle ne peut pas investir, car elle doit faire face à d’autres dépenses non prises en considération (habillement, Habitat…). S’il est supérieur à 12 mois, la situation commence à être positive pour la famille, et elle peut investir. Pour atteindre cet objectif, selon lui, il est nécessaire d’aller jusqu’au bout de l’analyse de la dernière campagne et d’être très attentif et précis dans la collecte des informations et le calcul des quantités.

Toujours pour M. Bangna, le 2ème objectif de l’entretien est de provoquer une réflexion au sein de la famille sur ses stratégies. « Pour cela, on lui restitue sur le champ les résultats du bilan, en lui expliquant comment on procède au fur et à mesure de la progression de l’entretien (de cette façon, la famille n’est pas traitée comme un ‘‘objet d’enquête’’, mais considérée dans le sens de ses responsabilités). En outre, on demande à la famille de comparer les résultats de cette campagne à ceux de campagnes antérieures, pour voir si ces résultats reflètent une tendance, ou s’ils sont accidentels. Cette restitution amène automatiquement à se poser des questions », a-t-il expliqué.

Il ajoute que, si le bilan est négatif, la famille a nécessairement déployé des stratégies pour compenser les insuffisances de son outil de production, elle a peut-être pris un crédit, elle a conduit des activités non agricoles, elle a vendu des outils de production (animaux, outillages), elle a peut-être bénéficié des apports de membres partis en exode ou migration, alors, on analyse ses stratégies. « Si le bilan est positif ; la famille sait analyser les points forts sur lesquels elle prend appui, et peut parler de ses investissements et de ses projets d’avenir. Pour atteindre cet objectif, il faut avoir une bonne attitude d’écoute qui mette en confiance la famille, il est aussi très important de s’assurer que les épouses participent à cette partie de l’entretien ; car c’est de cette partie de l’entretien que la famille tire en général le plus de bénéfices », déduit-il.

Enfin, le 3ème objectif, a indiqué M. Bagna est plus diffus, ‘‘mais également important cette fois pour la recherche. En conduisant l’enquête, on va obtenir toute une série d’informations sur les caractéristiques de l’EF qui, recoupées avec celles obtenues dans d’autres familles et d’autres zones, permettront d’élaborer la problématique de l’EF dans le secteur et dans la zone considérée. Ces informations portent notamment sur : l’organisation familiale (Taille, la dispersion dans l’espace, la répartition des rôles et des moyens de production, l’exercice de l’autorité dans l’EF et la prise de décision, places des femmes, des enfants et des vieux dans l’EF, l’importance du statut de la famille ; sur l’utilisation des moyens de production (Terres, animaux, espaces halieutiques) et les priorités dans les choix de production (priorités aux cultures céréalières ou aux cultures de rente, diversification), disponibilité de réserves foncières, sécurité foncière ; sur les rendements et l’état de la fertilité des sols, les modes d’amendements, les techniques culturales ; sur l’accès à l’eau, l’accès aux infrastructures (routes, marchés, unités de transformation), l’accès aux services (commerce, transport, conseil agricole, systèmes de crédit) ; les contraintes du marché (débouchés) ; l’évolution du capital de l’EF (diminution/augmentation, décapitalisation/investissement, qualité des terres, du troupeau, du parc piroguier familial et des ressources halieutiques, qualité/vieillissement de l’outillage) ; le poids des charges d’exploitation (importance du coût des intrants, recours à la main d’œuvre payée) ; le mode de vie de la famille (montant de la dépense journalière par personne, part de l’autoconsommation, influence des modèles urbains) ; l’entente familiale (valeurs communes, différentes formes de compromis permettant de sauvegarder ces valeurs, rapport avec les membres de la famille qui ne vivent plus dans la famille et la sante, la place de l’éducation.

Photo de famille lors de la formation des agents endogènes de Gothèye, Dargol et Diagourou

Quant au Chargé au renforcement des capacités de la PFPN, M. Saley Mahaman, il a expliqué que la PFPN a pris l’engagement d’appuyer le renforcement de cette contribution des EF à l’alimentation des populations et à la création des richesses nationales, en s’appuyant sur deux lignes d’action, à savoir : le renforcement (ou la création lorsqu’il n’existe pas), d’un dispositif de suivi et d’appui aux EF des OPF membres, afin d’améliorer les appuis que ces OPF apportent aux EF de leurs propres membres et d’alimenter le dispositif de veille sur les politiques publiques nationales de la PFPN , qui travaille actuellement à la création d’un Observatoire national des EF. Il y a aussi le renforcement de la veille sur les politiques publiques exercées par la PFPN, afin de mettre en alerte les acteurs décisionnels nationaux et d’alimenter la veille régionale du ROPPA qui travaille actuellement à la création d’un observatoire régional des EF.

Évoquant les caractéristiques du dispositif, M. Saley Mahaman a indiqué que, le dispositif de suivi des EF, doit être bâti à partir du vécu des familles, afin de paraitre un dispositif naturel d’accompagnement de la vie des familles. « Ce dispositif doit permettre de capter la variété de situations des EF. De ce point de vue les indicateurs à suivre doivent être définis en conséquence et renseigner sur la production et la sécurité alimentaire des EF. Pour cela, le dispositif doit être utile, fonctionnel et durable », a-t-il précisé.

Par la suite, des exercices d’expérimentation, au cas par cas, (Exploitations familiales de cultivateurs, éleveurs et pêcheurs), appliquer par les animateurs endogènes et les formateurs ont permis de mettre en application les différentes leçons apprises et d’y apporter des corrections sur des aspects non maîtrisés.    

Mahamadou Diallo

(Responsable de Communication/PFPN)